Pourquoi les professionnels de l’immobilier se méfient de la loi Duflot
Lors d’une rencontre initiée par l’Union financière de France (UFF) fin 2013, plusieurs acteurs de l’immobilier ont débattu sur la loi Duflot. Pour quelles raisons professionnels et investisseurs immobiliers la boudent-ils ? Après un bref état des lieux, cet article synthétise les 4 mesures les plus dissuasives du nouveau dispositif de défiscalisation immobilière défendu par la ministre socialiste du Logement.
Loi Duflot : confiance en berne des investisseurs
Selon un récent sondage Ifop-UFF sur la clientèle patrimoniale :
• 56% des répondants estiment que c’est le bon moment pour investir dans l’immobilier locatif. C’est plus qu’en 2011 et 2012.
• 32% seulement choisiraient le dispositif Duflot s’ils devaient investir dans l’immobilier, contre 55% pour le Scellier en 2012.
• 85% n’envisagent pas d’investir dans l’immobilier locatif afin de bénéficier du dispositif Duflot
Obstacle n°1 : plafonnement des loyers
A portée résolument sociale, le dispositif Duflot impose un plafonnement des loyers selon la zone géographique. Ce plafonnement décourage considérablement les investisseurs immobiliers qui souhaitent que leur investissement locatif soit le plus rentable possible. Autre motif de désintérêt : le manque de visibilité
quant aux taux maximal et à la liste des communes éligibles, toujours provisoire.
Obstacle n°2 : confusion des investisseurs
Le dispositif Duflot souffre d’un manque d’information des investisseurs. Toujours selon l’observatoire Ifop-UFF 2013 :
• 68% des interrogés déclarent mal connaître le dispositif Duflot
• 56% des interrogés préfèrent le dispositif Scellier, du nom du précédent ministre du Logement.
Dans les faits pourtant, la réduction fiscale en loi Duflot est plus avantageuse en 2013 (18% du montant de l’investissement) qu’elle ne l’était en 2012 sous Scellier (13%). Par ailleurs, la loi Duflot permet d’acheter 2 biens immobiliers. Le dispositif Scellier un seul. La réticence envers la loi Duflot s’explique notamment par le souvenir, toujours très présent, des débuts du dispositif Scellier qui proposait 25% en 2009.
Obstacle n°3 : plafonnement des niches fiscales
Le plafonnement des niches fiscales à 10.000 euros en 2013 constitue un autre frein à l’application du dispositif Duflot. A titre de comparaison, la loi Scellier fixait ce seuil à 18 000 euros. Mais cet aspect gêne surtout les investisseurs les plus aisés. Pour un investisseur moyen, un placement de 180 000 à 200 000 euros en loi Duflot permet un second investissement défiscalisable.
Obstacle n°4 : déficit d’image de la ministre du Logement
Frein psychologique enfin : le fait d’associer le nom de Cécile Duflot aurait un impact négatif sur le dispositif de défiscalisation immobilière. Les investisseurs auraient en effet un a priori défavorable vis à vis de la ministre du Logement, considérée comme une femme politique trop interventionniste, aux préoccupations trop socialisantes. Une position peu compatible avec le secteur de l’immobilier, davantage porté par les valeurs du libéralisme.
A propos des intervenants
• Daniel Znaty, directeur immobilier de l’UFF
• Nicolas Berthelot, président d’Ammonitia investissement, société de conseil en gestion immobilière
• Eric Bourse, directeur d’Eiffage immobilier
• Philippe Delhotel, directeur commercial de La Française AM, qui commercialise des SCPI Duflot
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